Historique de l'église de Perrecy-les-Forges

 

Une origine surprenante


Nous avons tous appris à l’école que Charles Martel avait triomphé de l’invasion arabe lors de la bataille de Poitiers en 732. Moins connus sont les combats victorieux de son frère Childebrand sur ces mêmes guerriers « les Sarrasins » qui s’étaient infiltrés dans les vallées du Rhône et de la Saône.

Charles Martel, pour remercier son frère de l’avoir aidé à arrêter cette invasion, lui a donné de grands domaines dans la région actuelle de Perrecy.

Un descendant de Childebrand, le Comte Eccard, n’ayant pas d’enfant, a donné ces domaines à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) en remerciement de l’enseignement qu’il y avait reçu et pour fournir à cette dernière un site propice à l'installation d'un monastère de repli, au milieu des terres, dans le cas d'une attaque viking sur la Loire.

Immédiatement, vers 880-885, des moines bénédictins furent envoyés en prendre possession et y établirent le Prieuré, puis entre 1020 et 1030, y édifièrent l’église romane qui subsiste en grande partie aujourd'hui.

Au 12ème siècle, les moines prolongent l’église primitive par une travée supplémentaire suivie d'une avant-nef à deux niveaux :
le narthex, merveille architecturale, véritable joyaux de l’art roman, richement orné de chapiteaux remarquables et surtout du tympan, représentant le Christ en Majesté où la beauté trouve son expression dans la puissance, l’austérité et la rudesse du dessin.

Plus tard, au 15ème siècle, le chœur roman ayant beaucoup souffert des vicissitudes du temps, les moines l'ont reconstruit au goût du moment en gothique simple mais soigné.


reconstitution en 3D imaginée par Monsieur Chavron
à partir de documents originaux en 2D de 1760.

l'église contemporaine, avec la représentation
en talus végétalisés de l'ancien cloître.

Après une période de décadence, le monastère fut supprimé par arrêt du conseil d'Etat en 1776. Les quatre derniers religieux reçurent mille livres de rente, et les biens du monastère furent donnés au petit séminaire d'Autun.

L'église prieurale deviendra paroissiale si la communauté des habitants de Perrecy l'accepte sous un délai d'un an, ce qui fut le cas.

L'église est placée sous les vocables de Saint-Pierre et Saint-Benoît.

(nota : la très vieille église Saint-Pierre, citée en 876 dans le testament d'Eccard, menace ruine ; elle est démolie vers 1790.
Entourée du cimetière, elle se trouvait à l'emplacement de l'actuelle place de l'Hôtel de Ville.)

L'église du prieuré de Perrecy est ainsi un témoin vivant reflétant les différentes grandes périodes architecturales de nos églises anciennes.

Mais aujourd’hui c’est essentiellement la combinaison de la conservation exceptionnelle de l’église carolingienne dans sa pureté architecturale et sa sobriété d’origine, avec la richesse du narthex, qui fait de l’église de Perrecy un des monuments majeurs de l'art roman en Bourgogne.


Sobriété de la partie la plus ancienne

Croisée du transept

La coupole du transept



Richesse du narthex

Le tympan, Christ en Majesté

Sculptures du portail

 


L'église de Perrecy-les-Forges est indiscutablement
un des monuments majeurs de l'art roman en Bourgogne.